Samedi 24 août. Isa rentre à la maison

Après la journée d'hier très riche en émotions, après un câlin avec nos petits jusqu'à près de 3h00 du mat', j'ai passé une nouvelle nuit dans les bras d'Isa (toujours dans sa chambre d’hôpital). Nous aussi, on a besoin de notre peau à peau... il faut dire que ça fait tellement longtemps que nous n'avions pas dormi ensemble, nous étions en manque.
Aujourd'hui, c'est la sortie. C'est prévu dans la matinée. La sage-femme doit passer faire un point, faire les prescriptions nécessaires,  notamment le tire-lait.
La sortie a finalement lieu à 13h, juste après le plateau repas. Yes, un plateau SODEXO de gagné.. slurppppp miammmmmm :-((

L'arrivée à la maison marque une étape, pour maman encore plus que pour moi bien sur.
D'abord, ça va faire quasi 2 mois qu'Isa n'était pas rentrée.
Et puis rentrer après un accouchement sans ses bébés dans les bras, c'est évident, mais il manque quelque chose.. drôle d'impression...
C'est aussi retrouver un cadre de vie familier, mais qui semble tellement lointain. Depuis son hospitalisation, j'avais commencé à préparer un peu l'arrivée de bébés. Un coin à langer au dessus de la machine à laver, des étagères supplémentaires dans la cuisine. Y a même une nouvelle banquette ! La précédente que j'avais moi même réalisé en Mauritanie, puis déménagé plusieurs fois commençait à fatiguer, et grinçait dès qu'on remuait l'oreille.
Il y a aussi, et surtout, les équipements achetés pour nos 2 bébés. Poussette double, 2 lits (encore ne carton)...
Nous nous effondrons sur notre nouvelle banquette, en pleurs... Que nous arrive-t-il ? Pourquoi ?
L'image de 2 petits bouts qui devaient courir dans nos jambes, avec qui ont devait faire des gâteaux, à qui nous pensions montrer les animaux d'Afrique... tous ces rêves à 4 qui s'effondrent.
C'est bien ça le plus terribles. Plus que les affaires achetées en double, c'est ce dont nous avions rêvé et qui ne sera pas qui est le plus cruel, le plus insupportable.

Malgré tout la vie continue, il faut continuer d'avancer. Avancer et ne pas se laisser tomber, pour Victor, pour Aymeric qui a besoin de nous le temps où il sera encore avec nous, avancer sans s'arrêter... sans appuyer sur 'pause'

Un livreur express apporte le tire-lait... ne pas s'arrêter...
Pendant ce temps, je sors faire quelques courses. Arrivé dans la rue, au milieu des gens, des voitures et des bus, j'ai cette image que la vie est un rouleau compresseur. Quoiqu'il arrive, ne regarde pas derrière et avance. Il n'y a pas de mots pour expliquer ce qui nous arrive, et pourtant il faut faire des courses, entendre bipé le lecteur de codes barre, dire bonjour et au revoir en entrant et en sortant d'une boutique ou dans l'escalier de l'immeuble... comme s'il ne se passait rien.
De retour à la maison, je prépare à manger. Des pâtes farcies au fromage et basilic. Cuisson 3/4 minutes. Je règle le minuteur sur 2 minutes. Mais, alors que le minuteur n'est pas encore arrêté, je retire la casserole du feu. Les ravioles trop cuites sont éventrées... cuisson ratée.
Je craque, et jette tout dans l'évier.
Isa reprend les choses en main, récupère ce qu'elle peut, arrange le tout dans les assiettes.
- A table chéri...
Que ça fait du bien d'être épaulé... Ça fait pratiquement 2 mois que je cours à droite à gauche. D'abord pour faire mon boulot tout en m'occupant de ma chérie. Puis depuis mes congés, pour préparer l'arrivée des petits, m’occuper de future maman... 2 mois sans arrêter, 2 mois sans vraiment prendre un moment pour moi.

Il est tard et la soirée commence déjà, mais nous sommes trop crevés pour aller à l’hôpital maintenant. Trop crevés pour nous montrés comme ça à nos petits bouts. On s'endort 1 bonne heure avant d'aller rejoindre nos bébés.

Nous arrivons à 23h00 pour la tétée du soir (enfin au tire-lait)
Blandine nous accueille, et prête autant d'attention à nos 2 bébés qu'à nous même.
- Comment ça va papa et maman ? Vous avez pu vous reposer d'hier ?
Nous faisons les petits soins à nos petits bouts. Nous commençons à prendre nos habitudes, nos marques.

A défaut de ramener Sousou et Loulou, j'ai apporté leur livre. Je voulais le montrer à Victor et surtout à Aymeric. J'ai peur qu'il ne les connaisse jamais... Alors, au dessus de l'incubateur, je lui explique qui sont ces 2 poilus, je montre les photos, je lui raconte l'histoire de Sousou et Loulou...
Et bien sur, Blandine arrive à ce moment là.
- He he, papa, tu vas devoir expliquer à Blandine qui sont Sousou et Loulou...
- Heu.. comment dire.... Et bien, voilà, Loulou, c'est le plus beau... Quoique non c'est plutôt Sousou :-))) Loulou fait du karaté avec maman, Sousou prépare du café, là ils sont en Namibie...
Ça y est, avec cette histoire on va être grillé auprès de Blandine...
- c'est génial... Il est terrible Loulou, et Sousou, elle ne lâche jamais son fromage ? Hi hi.
- bon ok, si vous voulez appeler les messieurs en blancs, faites le maintenant..
- hé hé moi j'ai cochon-cochon... Que je trimbale partout dans le monde. Attendez je vais vous montrer des photos...
Blandine fouille dans les photos de son iPhone.
- là c'est en Inde, là cochon-cochon fait bronzette à la Réunion, et là il médite avec les moines bouddhiques....et là....
- génial !!!!!
Bon ça va, on se comprend avec Blandine, elle ne ça pas appeler les messieurs en blanc tout de suite.

Bon c'est pas tout ça, on les aime bien tous ces Loulou, Sousou et cochon-cochon, mais nos petits bouts encore plus... Alors on s'installe pour un peau à peau.
Papa avec Victor, et maman avec Aymeric... Ça pourrait être l'inverse que rien n'y changerait. Nous sommes tous les 4, et nous partageons tous les 4 ces moments de bonheur, en racontant des histoires... Inventées... Tiens il faudrait qu'on en apprenne des histoires...:-))


C'est que être parent, ça ne s'improvise pas !!!
Savourons ces moments. Le service est calme. Moins de visiteurs, mais il nous semble qu'il y a moins d'alarmes aussi, comme si les bébés étaient plus tranquille la nuit...
Blandine nous laisse en famille, et repasse régulièrement voir si tout se passe bien.
Aymeric commence à fatiguer, il bouge de plus en plus et risque d'arracher sa sonde respiratoire.... Blandine ne veut pas prendre ce risque et propose de le recoucher. Il est 3h30 du matin.
Le temps de faire les petits soins, le temps de discuter avec Blandine, il est plus de 4h30.... Sauf que cette fois, la chambre n'est pas a l'étage du dessous. Il faut prendre la voiture....
Blandine s'en inquiète un peu. Elle veille à ce que notre retour se passe bien.
- vous habitez loin ? Vous rentrez comment, vous êtes en voiture ?...
Sachez que le service est ouvert 24/24 aux parents. Vous pouvez appeler quand vous voulez, rester le temps que vous voulez.... Mais il faut aussi savoir vous reposer.
- oui oui. Aujourd'hui est un jour particulier. Maman est sortie en début d'après midi, puis le temps de s'organiser à la maison... C'est vrai que là on fait fort !!!
Il est presque 5h00 du matin quand on quitte l'hôpital. Heureusement que nous n'habitons pas très loin.
Mais avant de se coucher, maman à encore une tétée à faire... Papa, lui se couche direct... Autant que je me repose pour être en forme pour les trajets, pour faire des courses....
Réveillés à 10h00... Une nouvelle journée pour s'organiser, et comprendre ce qui nous tombe dessus....